Les îles de demain ne ressembleront sans doute pas à celles d’hier. Elles ne seront ni de roche, ni de terre, mais elles seront gorgées d’énergie éolienne. Tout du moins, c’est la promesse du danois Energinet et du germano-néerlandais TenneT.
En effet, l’éolien offshore a énormément progressé durant ces dernières années sur le plan concurrentiel et la Mer du Nord est une zone idéale grâce à ses vents forts et réguliers. A mi- chemin ou presque entre les côtes anglaises et danoises, le Dogger Bank est un grand banc de sable, posé à faible profondeur d’eau, entre 15 et 60 cm. Il accueillerait 4 parcs de 200 éoliennes d’une puissance cumulée de 4 800 MW. Chaque parc de 1200 MW pourrait produire l’équivalent de la consommation d’un million foyers britanniques (source Forewind), soit 4 TWh.
Des îles de stockage
Le problème évidemment est de stocker puis d’acheminer l’électricité jusqu’aux foyers continentaux. La réponse repose sur la fabrication d’îles de 6 km² pour centraliser la production éolienne offshore du Dogger Bank. La production ainsi centralise serait moins coûteuse à acheminer vers les six pays bénéficiaires du projet : Allemagne, Belgique, Danemark, Norvège, Pays-Bas et Royaume-Unis. L’électricité serait ensuite acheminée via des câbles sous-marins.
Energinet assure ainsi pouvoir approvisionner de 70 à 100 millions d’Européens, sauf qu’à ce jour aucun parc éolien n’est en service sur le Dogger Bank, les aspects techniques, réglementaires et environnementaux doivent encore traités et le coût de chaque île s’élève à 1,5 milliards d’euros auxquels il faut ajouter le coût du raccordement.
La première île ne devrait donc pas émerger avant 2035. Toutefois, ce projet est important pour l’industrie éolienne et l’Union Européenne. En effet, il sert de démonstrateur : la technologie doit être rentable et compétitive, les industriels sont en recherche constante de baisse des coûts. Les éoliennes marines sont un espoir de transformer mers et océans en ressources d’énergie verte. Et l’Europe a besoin également de projets innovants de grande envergure afin de faire entrer pleinement l’éolien dans l’approvisionnement énergétique. Pour cela, les usines doivent tourner à plein régime, c’est l’espoir de « Power Link Island. »
De l’eau, du vent, de la lumière.
Les îles Canaries, paradis espagnol perdu aux larges des côtes marocaines dans l’Atlantique, sont une destination bien connue des tourismes amateurs de soleil et d’embruns. La plus petite île de cet archipel, El Hierro, a transformé ses atouts touristiques en atouts écologiques : l’eau et le vent sont devenus ses sources principales d’énergie.
Sur cette petite île de 7 000 habitants, les éoliennes fournissent l’énergie électrique. Les surplus ne sont pas stockés, ils sont utilisés au pompage de l’eau de mer qui, elle, est stockée dans le cratère d’un volcan. Ainsi, lorsque le vent n’a plus suffisamment de force pour souffler sur les éoliennes, l’eau du volcan est lâchée sur des turbines qui fabriquent à leur tour de l’électricité. Le 15 février 2016, la centrale hydro-éolienne a pour la première fois produit pendant 24h toute l’électricité alimentant l’île.
Dans les faits, cette petite île volcanique de 272km² accueille 10 700 habitants, 5 éoliennes terrestres d’une capacité totale de 11,5 MW et 2 bassins de rétention d’eau pour activer deux turbines d’une puissance de 11,32 MW. L’intérêt de cet ingénieux montage permet de faire face à l’intermittence de l’énergie éolienne et d’autres îles sont intéressées par ce procédé, notamment en Ecosse, au Japon, au Danemark ou dans les îles Hawaï… En effet, jusqu’en 2014, l’île d’El Hierro consommait 40 000 barils de pétrole par an. Trop éloignée des autres îles de l’archipel, elle ne pouvait être raccordée. Les habitants souhaitaient vivement être capable de s’autoalimenter en électricité et de protéger leur biosphère, nommée réserve par l’UNESCO en 2000.
Si l’autonomie n’est pas encore complète et si la centrale au fioul sera maintenue pour faire face à toute panne de la centrale verte, les habitants de l’île ont déjà réussi leur pari. Ce projet a été nécessité trente ans de développement et 80 millions d’euros d’investissements. Il a aussi ouvert la voie à d’autres projets écologiques comme la captation des gouttes d’eau du brouillard et l’introduction de voitures électriques.
Un modèle possible pour les 600 000 insulaires que compte la planète ?
« Les réserves de biosphère sont des zones modèles reconnues par l’UNESCO dans le cadre du Programme sur l’Homme et la biosphère (MAB), elles concilient conservation de la biodiversité et développement durable grâce aux efforts des communautés locales, mais également grâce au soutien du gouvernement et de connaissances scientifiques. »